Ci joint une inteview de D.H. L'Express du 30/05/2005 Daniel Humair «Il n'y a plus de fond, tout est lisse» propos recueillis par Paola Genone Parce qu'il compose sa musique comme il l'entend, Daniel Humair, grande figure du jazz français, est boudé par les maisons de disques. Il crie sa colère-- Daniel Humair, 67 ans, batteur, compositeur, peintre. Depuis la fin des années 1950, cet artiste avance dans le jazz comme il peint ses toiles, de façon introspective, sans s'inquiéter des critiques, guidé par l'urgence de créer. Il a collectionné les prix, joué aux côtés de géants, comme les saxophonistes Cannonball Adderley et Dexter Gordon ou le pianiste Martial Solal, et s'est mis à l'avant-garde avec Michel Portal. Les plus grandes galeries ont exposé ses toiles. Mais, aujourd'hui, il se sent abandonné. Trop rebelle, trop intransigeant: les patrons des maisons de disques et les galeristes lui ferment leurs portes. Il a donc décidé de pousser un coup de gueule. Que voici. © T. DUdoit/L'Express Daniel Humair.Aujourd'hui, vous n'avez plus de label. Pourquoi? Parce que ma musique ne ressemble pas à un long fleuve tranquille. J'ai toujours imaginé le jazz comme une tache qui se répand sur le papier, de façon désordonnée, parfois dérangeante. Avec Adderley ou Portal, nous lancions des gouttes de couleur sur une toile. Il y avait une maîtrise du geste, certes, mais aussi une part d'imprévu. La couleur faisait son chemin malgré nous. D'autres musiciens y rajoutaient la leur et, ainsi, le jazz avançait. Aujourd'hui, j'ai l'impression de lancer mes taches sur une matière qui n'absorbe rien. A qui la faute? Aux musiciens, au public, aux labels, à vous? Le public existe. Les concerts de jazz sont bourrés de monde. Quant aux musiciens, il y a plus de talents aujourd'hui que dans le passé. Le problème est ailleurs. La tendance américaine à faire de la musique un produit commercial a envahi l'Europe. Les plus grosses ventes de disques de jazz en France ne concernent que des chanteuses: Diana Krall, Norah Jones... Si les labels poussaient avec autant de publicité le jazz instrumental, je suis persuadé que le marché irait mieux. «Aujourd'hui, les maisons de disques veulent des concepts» Que reprochez-vous à ces chanteuses? Elles ont une bonne diction, une mise en place vocale sans faille, mais jamais, jamais elles ne sont bouleversantes. Où est cette surprise que l'on ressent en écoutant la voix de Billie Holiday, cette ambiguïté, cette déchirure, ce petit quelque chose d'impalpable qui fait toute la différence? Il n'y a plus de fond, tout est lisse. Pourtant, vous dites qu'il y a de très bons musiciens… Oui, mais, pour survivre, même des musiciens formidables se font piéger par la formule qui marche. Aujourd'hui, les maisons de disques veulent des concepts. Voyez, par exemple, le jazz klezmer, très à la mode en ce moment. Mélanger la musique traditionnelle juive avec celle des esclaves noirs me paraît très intéressant. Mais, en écoutant la plupart de ces albums, je ne retrouve que des échos de ces cultures, aucune profondeur. C'est une démarche opportuniste et je refuse ce type de compromis. Où est la solution? Il ne faut plus avoir peur de déranger. Le peintre Paul Rebeyrolle, qui a ramé toute sa vie, disait: «Mes arbres dérangent parce qu'on ne peut pas domestiquer la nature. Si l'on se contente d'aimer les fleurs et les petits oiseaux, cela ne débouche que sur de la peinture décorative.» Ce qui ne signifie pas aller chercher les extrêmes à tout prix. Pour moi, le jazz, c'est un type qui vient avec des copains et qui fabrique, sur scène, une musique fondée sur un échange. C'est une conversation entre des gens qui connaissent parfaitement cette musique, de Louis Armstrong à l'avant-garde, et qui se promènent dans le même bois pendant toute leur vie, y découvrant des chemins, des arbres et des fruits qu'ils n'avaient jamais vus auparavant. Monet a passé les trente dernières années de son existence en peignant exclusivement des nymphéas dans son jardin. Sa peinture était-elle morte pour autant? Je me permets de reproduire cette interview de Daniel Humair dans l’Express car elle a été l’objet d’une discussion animée l’autre soir où j’ai bien failli me brouiller avec un ami (?)qui considérais Humair comme un aigri dont la musique etait incompréhensible et donc logiquement invendue!(pour simplifier.)J’en déduis donc que la musique ou la peinture qui se vend est la bonne ! Donc Toffoli et Laurie de la STARAC sont de grands artistes.C.Q.F.D Je n’en dirais pas plus car il me faudrait dix pages pour développer et ça ne vaut pas le coup. Je ne peux que signer cette interview des deux mains et des deux pieds je vous épargne le reste. P.S. Est ce que les gens qui critiquent Humair ont autant apporté que lui en Musique,Peinture ,Culture avec un grand C et /ou tout bêtement HUMAINEMENT. Ci-joint un autre texte d'une personne ayant lu l'interview: Humair n'est pas amer. Il est génial tout simplement Il jette des passerelles entre la musique et la peinture...émerveillement. Il n'aime pas ce qui est lisse, moi non plus. L'authenticité n'est pas lisse, elle a des rides, des cicatrices, des tâches, elle n'est pas maquillée, liftée ou pommadée. À notre époque du tout lisse,tout glisse ,Humair préfère le fond, moi aussi. Bien sûr ce n'est pas facile, cela peut faire mal. C'est pourquoi cela se vend mal. Triste réalité je ne connais pas encore Humair, mais je t'aime déjà...comme un frère... je t'embrasse,Bénédicte P.S Quels sont les artistes en général qui ayant déjà fait leurs preuves se soucient de promouvoir la génération montante?Humair ,entre autre avec le babyboom.Cela vous suffit- il?